LA LÉGENDE DORÉE

Il s’agit d’un texte médiéval qui est à l’origine de la diffusion du culte de nombreux saints. Euphémie est présente dans plusieurs manuscrits. Ce texte a fait l’objet de nombreux travaux.


Voir Alain Boureau Le système narratif de Jacques de Voragine 2004. Lien avec Le Goff. Plusieurs éditions existent dont une, très riche de notes et commentaires La Pléiade.


L’auteur : Né dans les années 1220 en Ligurie près de Gênes, rejoint les frères prêcheurs. 


1. Etymologie hasardeuse 


Le nom d’Euphémie, Eufemia, vient de eu, qui signifie « bien », et de femina « femme », et le mot signifie « femme de bien », c’est-à-dire utile, honnête et agréable, car ce sont les trois attributs du bien. Elle fut utile aux autres par sa conduite, honnête envers elle-même dans sa façon de régler ses mœurs, et agréable à Dieu par sa contemplation des choses célestes. 


Ou bien le nom d’Euphémie signifie « euphonie », c’est-à-dire « douce sonorité ». Il y a trois façons de produire une douce sonorité : par la voix, comme dans le chant ; par la vibration, comme dans la

    cithare ; par le souffle, comme dans l’orgue. De même sainte Euphémie fit pour Dieu un son doux par la voix de sa prédication, par la vibration de ses bonnes actions, et par le souffle de sa dévotion.



 2. NOUVEAU


- Allusion à la demande d’Euphémie de passer en premier au supplice  (exemple de sacrifice poussé à l’extrême)


"Fille de sénateur, Euphémie, voyant les chrétiens déchirés par tant de supplices à l’époque de Dioclétien, se précipita chez le juge Priscus ; se proclamant publiquement chrétienne, elle affermit même les cœurs masculins par l’exemple de sa constance.

... Faisant donc mettre à mort les chrétiens les uns après les autres, le juge ordonnait que tous assistent aux supplices, de sorte qu’ils acceptent de sacrifier au moins sous l’effet de la terreur, voyant les cruels supplices réservés aux récalcitrants... Tandis qu’il faisait affreusement décapiter des saints en présence d’Euphémie, celle-ci, stimulée par leur constance, criait que je juge lui faisait injustice...»



- Seule fois allusion à des tentatives de viol/Priscus puni et les débauchés convertis  

    

- Seule fois allusion à des tentatives de viol/Priscus puni et les débauchés convertis : « On l’a mis donc au cachot, et le lendemain, elle fut amenée sans chaînes avec des prisonniers enchaînés.

Elle fut alors très durement giflée et enfermée en prison. Le juge la suivit et voulut satisfaire son désir sur elle, mais elle lutta avec un courage viril, et la puissance divine paralysa la main de Priscus.



On finit par la descendre, et le juge dit à son chancelier de convoquer tous les jeunes débauchés, afin qu’ils abusent d’elle jusqu’à ce qu’elle défaille d’épuisement. Mais celui qui s’approcha d’elle, la voyant en prière, entourée par une multitude de vierges rayonnantes, répondit à ses exhortations et se fit chrétien.


- Tortures diverses: Rien de nouveau



3. Vers la Décapitation après d’autres sévices


Appellien dit au juge : « La puissance des chrétiens n’est vaincue que par le fer, c’est pourquoi je te conseille de la faire décapiter. » On dressa donc des échelles, et comme quelqu’un voulait mettre la main sur elle, il fut aussitôt totalement paralysé et on put à peine le redescendre, à demi mort…. Le président du tribunal la fit pendre par les cheveux, mais comme elle ne bronchait pas, il la priva de nourriture et la fit enfermer en prison, afin qu’au septième jour, elle soit broyée comme une olive entre quatre grandes pierres. Mais elle fut nourrie chaque jour par un ange, jusqu’à ce qu’au septième jour on la plaçât entre quatre pierres très dures, qui à sa prière furent réduites en une très fine cendre. Alors le président du tribunal, honteux d’être vaincu par une jeune fille, la fit jeter dans une fosse où se trouvaient trois bêtes assez féroces pour dévorer un homme entier. Elles coururent aussitôt doucement vers elle, joignirent toutes trois leurs queues pour lui faire une sorte de siège, et confondirent encore davantage le juge qui assistait au spectacle.



 Le président du tribunal faillit mourir de congestion, mais le bourreau entra pour venger l’affront fait à son maître, ficha son glaive dans le flanc d’Euphémie et en fit une martyre du Christ. En récompense le juge le revêtit d’un habit de soie, lui passa au cou un collier d’or, mais en sortant il fut saisi par un lion, qui le dévora entièrement. [voir Ennode].


Date de mort ou d’entrée dans la vie céleste (dies natalis) 


Euphémie fut enterrée avec honneur à Chalcédoine, et par ses mérites tous les juifs et les païens de Chalcédoine crurent dans le Christ. 

Elle souffrit vers 287 .



4. Adéquation avec la préface ambroisienne et rleite milanais


Dans sa Préface, Ambroise dit de cette vierge : 

« Euphémie, la vierge protectrice et triomphante, conserva la mitre de la virginité et mérita de porter la couronne du martyre… 


A partir de là, la légende est inscrite et le culte va progresser. De nombreuses résurgences du culte eurent lieu (ex. Saint-Uze à partir de reliques au Moyen Age – non documenté – puis renouveau au XVIIe siècle (curé Goudard, reinage).


Il sera nécessaire de faire le point sur les diverses versions en latin, en langue d'oïl, en langue d’oc ou en catalan. Voir aussi la diffusion de la mémoire d’Euphémie à travers d'autres textes religieux comme celui de Toulouse à rechercher.


Fille de sénateur devient usurier dans Ms Poitiers.