Le CULTE EN ORIENT

Les lieux d’inhumation Chalcédoine

 

- pour mémoire, le corps enlevé et emmené par les parents à quelque distance de Chalcédoine : Sa mère Théodorisiana et son père Philophron vinrent recueillir son corps et l'ensevelirent dans un tombeau neuf, à quatre milles de Chalcédoine….

 

1ère sépulture selon les rites contemporains puis construction du martyrium - date de construction incertaine (avant 451 et le concile), édifice grandiose, où repose le corps avec le miracle du sang . Dans le courant du IVème siècle, au début duquel trépassa Euphémie, une magnifique basilique, dédiée à la martyre, fut érigée « extra Chalcedonem ». 

 

La basilique se dressait avec certitude avant 399 ; on le déduit d’un fait daté, rapporté par plusieurs auteurs : la rencontre entre l’Empereur Arcadius et le chef Goth Gainas. 

 

Trois commentateurs de cet évènement sont Socrate le Scolastique, Sozomène et Zozime. 

 

Socrate le Scolastique (Constantinople, c. 380-450), historiographe chrétien de langue grecque, a publié, sans doute vers 439-440, une Histoire ecclésiastique ; il rapporte (livre 6, ch. 6) un évènement dont il a pu être le témoin ? : « Cumque ambo, imperator scilicet et barbarus in ecclesiam venissent, in qua corpus Euphemiae martyris reconditum est, juramentis invicem praestitis confirmarunt, neutrum alteri insidias structurum esse. » (traduction latine donnée dans les AASS)

 

La construction serait très largement antérieure : avant 384 si l’on se réfère au journal d’Egérie et même sans doute au milieu du IVème siècle, c’est-à-dire peu de temps après le trépas d’Euphémie .

 

Description du martyrium par Evagre le Scolastique

 

Il s’agit d’un texte essentiel qui décrit le site et l’organisation architecturale du martyrium de Chalcédoine. Ce récit est inclus dans le livre II, ch. 3 de l’Histoire ecclésiastique 

 

« Les évêques sont donc assemblés dans l’enclos sacré de la martyre Euphémie. Celui-ci est établi à Chalcédoine de la province de Bithynie, à une distance du Bosphore de pas plus de deux stades, dans un joli endroit qui s’élève doucement, si bien que la promenade se fait à peine sentir à ceux qui se rendent au temple de la martyre et qu’ils se trouvent tout soudain en haut, de sorte que, quand ils jettent les yeux de ce lieu d’observation, ils ont une vue complète, à leurs pieds, des étendues plates et unies, verdoyantes de gazon, ondulant de moissons et enjolivées par le spectacle d’arbres de toute sorte, et de montagnes … et encore des plaines marines ...

L’enclos est en face de Constantinople, en sorte que le temple est favorisé aussi du spectacle de cette si grande ville. Il comprend trois très grands bâtiments : l’un à ciel ouvert, orné d’une cour oblongue et, de tous côtés, de colonnes ; un autre après celui-ci, à peu près égal ...et n’en différant que par le toit dont il est couvert ; au nord de celui-ci, vers le soleil levant, un bâtiment circulaire en rotonde, entouré à l’intérieur de colonnes très artistiquement travaillées, qui sont identiques quant à la matière, identiques quant aux dimensions. Par ces colonnes est soutenu un étage supérieur sous le même toit, en sorte que, de là aussi, il est possible à qui le veut de supplier la martyre et d’assister aux cérémonies. Au-dedans de la rotonde, vers l’est, il y a un magnifique reliquaire, où sont déposés les très saints restes de la martyre dans une châsse du genre oblong – certains l’appellent « la Grande » -, très artistiquement façonnée en argent. »

 

???? La suite du récit rapporte le miracle du tomos le concile de 451 avec la victoire des opposants au monophysisme d’Eutychès. La doctrine d’Eutychès fut condamnée mais persista en proche orient, en Arménie, chez les coptes…

Abandon de Chalcédoine soit vers 630 (Perses), soit plutôt 730 (Arabes). Eglise détruite.: Reconstruite plus tard mais sans retour des reliques. En 1555 détruite par le feu.L’actuelle (Agia Euphèmia) remonte à 1832 et a remplacé celle de 1694. On y trouve les tombeaux de la famille donatrice des Sakharov et une fontaine sacrée au-dessus de laquelle est un très grand tableau représentant le miracle du tomos de 451. Mais sommes-nous au même endroit ?

 

 

CHALCEDOINE : LE PREMIER TOMBEAU


 Ἔκφρασις τοῦ εὐκτηρίου οἴκου τῆς μάρτυρος Εὐφημίας τῆς ἐν Καλχηδόνι, καὶ διήγησις τῶν γινομένων ἐν αὐτῷ θαυμάτων.


Ἁλίζονται τοίνυν ἀνὰ τὸ ἱερὸν τέμενος Εὐφημίας τῆς μάρτυρος, ὅπερ ἵδρυται μὲν ἐπὶ τῆς Καλχηδοναίων τοῦ Βιθυνῶν ἔθνους, ἀπῴκισται δὲ τοῦ Βοσπόρου σταδίοις οὐ πλείοσι δύο, ἔν τινι τῶν εὐφυῶν χωρίων ἠρέμα προσάντει· ὥστε τοὺς εριπάτους ἀνεπαισθήτους εἶναι τοῖς ἐς τὸν νεὼν ἀπιοῦσι τῆς μάρτυρος, ἐξαπίνης τε μετεώρους εἶναι εἴσω τῶν ἀνακτόρων γενομένους· ὥστε τὰς ὄψεις ἐκχέοντας ἐκ περιωπῆς ἅπαντα θεωρεῖν, πεστρωμένα πεδία ὁμαλῆ καὶ ὕπτια, τῇ πόᾳ χλοάζοντα ληΐοις τε κυμαινόμενα καὶ παντοδαπῶν δένδρων τῇ θέᾳ ὡραϊζόμενα, ὄρη τε λάσια ἐς ὕψος εὐπρεπῶς μετεωριζόμενά τε καὶ κυρτούμενα, ἄταρ καὶ πελάγη διάφορα, τὰ μὲν τῇ γαλήνῃ πορφυρούμενα καὶ ταῖς ἀκταῖς προσπαίζοντα ἡδύ τι καὶ ἥμερον ἔνθα νήνεμα τὰ χωρία καθεστᾶσι, τὰ δὲ παφλάζοντά τε καὶ τοῖς κύμασιν ἀγριαίνοντα, κάχληκάς τε καὶ φυκία καὶ τῶν ὀστρακοδέρμων τὰ κουφότερα μετὰ τῆς ἀντανακλάσεως τῶν κυμάτων αὐτῆς ἀνασειράζοντα.


Soit : "Les Évêques s'assemblèrent donc à Calcédoine, ville de Bithynie, dans l’église de sainte Euphémie Martyre. Cette Eglise est bâtie sur une petite hauteur à deux stades, ou environ du Bosphore.

La pente de cette hauteur est si douce qu'on y monte sans aucune peine, et que quand on y est monté, on découvre au dessous une campagne fort agréable, et chargée de riches moissons, des montagnes couvertes de forêts, et diverses mers dont les unes 395 étant exemptes de vents et de tempêtes, semblent se jouer avec leur rivage, et les autres étant émues et agitées, jettent tantôt des herbes, des coquilles et des poissons sur leurs bords, et tantôt les reprennent."


☆☆☆☆☆


Puis... 


Ἀντικρὺ δὲ τῆς Κωνσταντίνου τὸ τέμενος, ὥστε καὶ τῇ θέᾳ τῆς τοσαύτης πόλεως τὸν νεὼν ὡραΐζεσθαι. Τρεῖς δ´ ὑπερμεγέθεις οἶκοι τὸ τέμενος· εἷς μὲν ὑπαίθριος, ἐπιμήκει τῇ αὐλῇ καὶ κίοσι πάντοθεν κοσμούμενος, ἕτερός τ´ αὖ μετὰ τοῦτον τό τε εὖρος τό τε μῆκος τούς τε κίονας μικροῦ παραπλήσιος, μόνῳ δὲ τῷ ἐπικειμένῳ ὀρόφῳ διαλλάττων· οὗ κατὰ τὴν βόρειον πλευρὰν πρὸς ἥλιον ἀνίσχοντα, οἶκος περιφερὴς ἐς θόλον, εὖ μάλα τεχνικῶς ἐξησκημένοις κίοσιν, ἴσοις τὴν ὕλην, ἴσοις τὰ μεγέθη καθεστῶσιν ἔνδοθεν κυκλούμενος. Ὑπὸ τούτοις ὑπερῷόν τι μετεωρίζεται ὑπὸ τὴν αὐτὴν ὀροφήν, ὡς ἂν κἀντεῦθεν ἐξῇ τοῖς βουλομένοις ἱκετεύειν τε τὴν μάρτυρα καὶ τοῖς τελουμένοις παρεῖναι. Εἴσω δὲ τοῦ θόλου πρὸς τὰ ἑῷα εὐπρεπής ἐστι σηκός, ἔνθα τὰ πανάγια τῆς μάρτυρος ἀπόκειται λείψανα ἔν τινι σορῷ τῶν ἐπιμήκων — μακρὰν ἔνιοι καλοῦσιν — ἐξ ἀργύρου εὖ μάλα σοφῶς ἠσκημένῃ.


Soit : "L'église est située vis-à-vis de Constantinople, si bien que l'aspect de cette grande ville est un nouvel ornement qui relève la beauté de cette Eglise.


Elle consiste en trois édifices, dont le premier est découvert et embelli de colonnes de tous ses côtés. Le second est de même longueur, de même largeur, a des colonnes presque semblables, et n'a point d'autre différence, sinon qu'il est couvert. Au côté septentrional de ce second bâtiment est le troisième exposé au Soleil levant soutenu de belles colonnes et voûté en rond.


Sous la même voute, est un étage élevé, d'où on peut faire ses prières, et assister aux mystères. Du côté de l'Orient est le tombeau de la Sainte, où son corps est dans une chasse d'argent."